Jae :

Mon arrivée en ville date maintenant de quelques semaines. Je me suis un peu faite à ma nouvelle vie. J’ai rencontré un loup-garou qui veut bien me protéger, ce qui est vraiment apprécié. Il sera mieux me défendre que moi-même. Mes parents m’ont toujours protégé lorsqu’ils étaient en vie. Puisque je suis faible, je sais très bien que je ne saurais pas faire le poids contre un être surnaturel. Ils sont bien trop vite pour moi et beaucoup trop puissants. Je ne pourrais donc jamais me retrouver face à l’un d’entre eux qui veut me faire la peau et en sortir vivant.

C’est aussi pour cette raison que je ne voyage que de jour dans les rues de la ville. J’essaie de sortir le moins souvent de chez moi la nuit. Mais malheureusement pour moi, le seul travail que j’ai réussi à trouver me demande de sortir maintenant la nuit. En plus que c’est ma première soirée aujourd’hui et cela me fait extrêmement peur. Je vais être seul dans le magasin. J’espère simplement qu’aucun être surnaturel ne connaît cette supérette qui reste ouverte toute la nuit.

Sortant mon portable, je regarde l’heure qui s’affiche. 22 :00. J’ai donc encore 1 heure devant moi avant de devoir être au commerce, ce qui me fait soupirer. Je croyais largement qu’il était beaucoup plus tard. J’aurai peut-être dû regarder juste avant de sortir de mon appartement. Je n’aurais pas à déambuler dans les rues jusqu’à ce que je doive me rendre au boulot. Je n’ai pas non plus spécialement envie de retourner chez moi pour l’instant. J’ai trop peur que quelqu’un découvre mon logis.

Je décide donc de me faire discret le plus possible et je continue de marcher dans les rues de New York, me rendant tout près de mon travail tout de même. Ce n’est peut-être pas loin de chez moi, mais je dois bien marcher au moins 15 minutes pour m’y rendre. Je ne suis donc pas vraiment loin de chez moi et je peux rapidement retourner en sécurité dans mon petit appartement qui ressemble plutôt à un taudis qu’autre chose. Mais c’est bien la seule chose que je peux me payer maintenant.

Tournant le coin de la rue de la superette où je travaille, j’entends un bruit provenant près de moi. Comme quelqu’un qui frapperait dans une canette avec son pied. Je sursaute alors grandement, regardant rapidement autour de moi. « Faites que ce ne soit pas un surnaturel… s’il vous plaît… » murmurais-je en analysant mon alentour et en essayant de me protéger en mettant mes bras autour de mon corps. J’ai vraiment peur. Je n’aurais jamais dû accepter cet emploi qui fait que je dois travailler la nuit…

Jae :

Regardant toujours autour de moi, je remarque un petit chaton sortir de la ruelle à quelques mètres devant moi. Je relâche un soupir que je retenais sans même en avoir conscience. Je suis vraiment à cran depuis que je suis arrivé ici. J’ai l’impression qu’à chaque fois que je sors de chez moi, quelqu’un me sautera dessus pour me kidnapper et me tuer. Oui, je me suis fait un allié, mais il n’est pas toujours à mes côtés. Il faudrait donc que j’essaie d’apprendre à me défendre seul. J’ai juste tellement l’impression d’être faible comparé aux autres qui m’entourent, même si je ne le suis pas vraiment. Il faudrait juste que je m’arme convenablement, mais j’ai peur de devenir une plus grosse cible que ce que je suis en ce moment.

À être resté planté au beau milieu du trottoir, le chaton s’approche lentement de moi. Il vient même se coller à ma jambe ce qui me fait sortir de ma torpeur. Je le regarde furtivement et finis par me pencher pour le flatter doucement. Il est vraiment mignon. De couleur noire complètement, il a pourtant une minuscule petite tache blanche sur le front. Il a l’air seul en plus et très affamé. Je me sens un peu triste en le regardant et je n’ai pas spécialement envie de le laisser comme cela.

Le prenant donc dans mes bras, je m’assois par terre et pose mon misérable sac à côté de nous. Je fouille ensuite rapidement à l’intérieur pour sortir mon petit sandwich que j’ai faits le matin même pour mon repas pendant mes heures de travail. Je trouverai bien autre chose à manger plus tard, mais pour l’instant, je préfère largement nourrir ce petit être que je tiens dans mes bras en lui donnant de petit morceau pour ne pas qu’il s’étouffe non plus. J’aimerais bien avoir autre chose à lui donner, mais comme je n'ai pratiquement plus rien en banque à part pour me loger, je n’ai rien d’autre que de maigre petite réserve.

Continuant de nourrir le chaton qui a ben l’air de se régaler complètement, je sors ma bouteille d’eau pour en prendre une grande gorgée tout en regardant l’animal sur moi. « Tu en veux peut-être toi aussi... Si tu as faim, j’imagine que tu as soif aussi... » Je remplis alors le bouchon de ma bouteille et le présente au chaton, qui bois lentement. Il me fait sourire un peu. « Que dirais-tu de venir avec moi ? Je peux te donner un toit au moins... » Je n’ai pas spécialement envie de le laisser dans la rue. Il est beaucoup trop mignon et en plus, je me sens seul moi aussi dans mon appartement minable. Ce serait bien d’avoir un peu de compagnie.

Jae :

Regardant toujours ce petit être que j’avais dans les bras, je le trouvais vraiment trop mignon. Il était assez calme et buvait tranquillement dans le bouchon de ma bouteille, mangeant aussi parfois quelques petites bouchés de mon sandwich. Je ne faisais que l’admirer pendant tout ce temps, le caressant quelques fois sur le dessus de la tête. Je voulais absolument le garder près de moi et prendre soin de lui. Je me sentais tellement seul dans cette ville. Un peu de compagnie me ferait le plus grand bien. Et puis, il avait l’air de ne pas avoir de maître non plus. Il devait vivre dans la rue, ce qui ne me plaisait pas du tout.

Sortant mon téléphone de ma poche, je peux constater qu’il me reste encore du temps avant de devoir me rendre au travail. Je referme donc ma bouteille d’eau pour la remettre dans mon sac et me relève doucement, gardant toujours le chaton près de moi. Je peux amplement retourner chez moi pour déposer le petit être dans mon appartement, mais je m’arrête après seulement quelques pas. Bon, j’aimerais bien le garder, mais j’ai un gros problème maintenant. Je n’ai absolument rien pour qu’un chaton puisse vivre chez moi. Du coup, je sais parfaitement que si je le laisse dans mon appartement seul, ce sera un véritable bordel lorsque je reviendrai. Je ne sais donc pas vraiment quoi faire. Mais il faudra bien que je me décide bientôt. J’ai du temps devant moi, mais pas des heures non plus. Et puis, l’animalerie est fermée à cette heure-ci du soir.

Soupirant, je décide alors de me rendre à la supérette où je travaille. Je pourrai surement trouver quelques articles pour l’animal que je tiens toujours contre mon torse. J’espère vraiment que ce sera le cas sinon, je vais devoir laisser partir ce magnifique petit être. Je n’ai vraiment pas envie, mais en même temps, je sais très bien que je n’aurais certainement pas le choix si je ne peux rien lui trouver. Ce qui est vraiment triste.

Alors que j’arrive sur mon lieu de travail, j’aperçois mon patron derrière le comptoir de la caisse. Il n’a pas trop l’air content et je m’arrête brusquement à l’entrée en voyant son air furieux. « Humm… » Je ne sais pas trop quoi lui dire. Surtout qu’avec son air aussi sévère, il va surement faire fuir les clients. Bon, il n’y a personne pour l’instant, mais tout de même. Il devrait faire plus attention. Même si je n’ai vraiment aucune idée du pourquoi il a l’air en colère. En même temps, c’est aussi son magasin. Je ne peux donc pas lui dire quoi que ce soit.

Et lorsque son regard se pose sur moi, il fronce encore plus les sourcils. « T’es en retard… » La surprise peu alors surement se lire sur mon visage. Je ne comprends ce qu’il veut dire puisque je ne devrais pas travailler pour encore 30 minutes au moins. « Et tu fais quoi avec ce truc dans tes bras . Tu crois vraiment pouvoir venir travailler avec ça . » Il éclate alors de rire, mais un rire vraiment mauvais. Je me retrouve complètement perdu et je n’ai aucune idée de comment répondre. « T’es vraiment bête ou quoi . » Il fait alors le tour du comptoir et se dirige rapidement vers moi, m’arrachant ensuite le chaton que je tenais toujours dans les bras. Il le balance alors dehors, sans ménagement, et je laisse échapper un petit cri, ayant extrêmement peur du coup pour l’animal.

Je viens alors pour sortir du magasin pour me précipiter à la suite du chaton lorsque je me fais attraper le bras par mon patron. « Oh non, toi tu restes ici. C'te bestiole n’a que ce qu’il mérite. » Je me fais alors traîner vers l’arrière. « Mais... il n’a rien fait... Et il... est petit... Il a... besoin d’aide... » Mon patron éclate une nouvelle fois d’un rire sadique. Je ne comprends vraiment pas ce qui sa passe. Je pensais qu’il était un être aimable. Mais je me suis peut-être trompé à son sujet. Je ne sais pas, mais je suis complètement figé sur place.

Jae :

Je suis toujours figé sur place, à ne pas savoir quoi faire. Mon patron vient de faire un acte que je n’aurais jamais osé imaginé qu’il soit capable de faire. Quoique, je ne le connaisse pas non plus. Alors pourquoi suis-je autant surpris par un tel acte ? Parce que, à mes yeux, l’homme en face de moi avait tellement eu l’air gentil lors de mon entretien d’embauche. Et puis, je n’ai pas l’habitude de voir des gens méchants. Enfin, à part ceux qui ont tué mes parents. Moi qui ai toujours été reclus de la société, je me retrouve aujourd’hui à devoir en faire partie et je n’ai aucune idée comment me comporter. Ou comment me sortir de mauvais pas comme en ce moment.

Et l’homme face à moi qui a toujours un rire mauvais et qui ne présage rien de bon pour ma personne. Je tremble pratiquement tellement j’ai peur. Sincèrement, pourquoi est-ce qu’il ne m’arrive que des malheurs maintenant. Pourquoi est-ce qu’on nous a trouvé ma famille et moi ? On n'a jamais rien demandé à personne. On n'a jamais fait de mal à qui que ce soit. Alors pourquoi est-ce que je me retrouve seul maintenant face à tous ces gens qui ont l’air de vouloir ma peau simplement parce que j’existe ? J’ai envie de pleurer, une fois de plus. Je suis vraiment faible. Ce n'est pas possible. J’ai peur de tout maintenant. Bon, ma vie est en danger aussi puisque pratiquement tout le monde veut me tuer. Mais j’aimerais bien pouvoir vivre tranquillement.

Mon patron s’approche alors dangereusement de moi, mais je ne peux absolument pas reculer puisqu’il me tient le bras. Je me retrouve donc rapidement avec son visage très près du mien. Je peux alors sentir l’odeur d’alcool. Très forte en plus. Ça empeste tellement. J’ai vraiment envie de vomir pour le coup, mais je me retiens de toutes mes forces. Il est déjà en colère. Je n’ai pas envie d’en rajouter par-dessus. Et il me fait vraiment de plus en plus peur. J’ai l’impression que quelque chose va m’arriver bientôt. Et ce sentiment de peur grandit encore plus lorsqu’il me souffle à l’oreille un « J’ai trouvé ta punition pour être en retard. » Je n’arrive vraiment pas à bouger, mais je sais que je le devrais. Je veux pouvoir partir en courant, mais mes jambes refusent de m’obéir.

Mon patron me tire alors le bras pour me faire tomber derrière lui et il s’approche de la porte d’entrée, la verrouillant et tournant le panneau qui disait que le magasin est ouvert pour maintenant afficher en gros « Fermé ». Je ne sais pas ce qu’il a en tête, mais ce n’est vraiment rien de bon pour moi. Surtout lorsqu’il se tourne alors vers moi et éteint la lumière de la supérette. La seule clarté provient alors de derrière mon patron et ma respiration se coupe quelques secondes. Et lorsqu’il s’approche de moi comme un prédateur qui a trouvé sa proie, je recule comme je peux alors que je suis toujours assis par terre.

Malheureusement pour moi, je ne peux aller bien loin puisque je percute l’une des étagères qui se trouvent dans le magasin. J’ai de plus en plus peur et j’ai l’impression que c’est ma fin. J’aimerais tellement être plus fort et pouvoir me sortir de ce mauvais pas, mais je n’y arriverai certainement pas. Et je sais aussi que même si j’ai beau prier, personne ne viendra me sauver. Je suis complètement seul face à cet être qui semble vouloir détruire ma vie.

Mon patron finit par m’attraper le pied lorsqu’il arrive près de moi et j’essaie de me débattre comme je le peux. « Tu es à moi pour la soirée… » J’écarquille alors les yeux. J’ai un peu peur de comprendre ce qu’il veut me dire. Mais j’ai la confirmation quelques secondes plus tard lorsqu’il essaie de se jeter sur moi pour m’enlever mon haut. Non mais vraiment ? Je me débats alors encore plus pour essayer de me dégager de lui et pouvoir partir en courant, mais il a quand même une force incroyable alors qu’il est complètement bourré. J’essaie même de lui mettre des coups, mais il réagit assez rapidement et me bloque les bras et les jambes. « Tu sais que t’es vraiment excitant à te débattre comme ça. J’étais déjà content lorsque je t’ai engagé, mais alors là, tu me rends encore plus heureux. J’avais vraiment hâte de pouvoir t’avoir à moi tout seul... si tu savais seulement comment... » Ma respiration s’accélère alors et je me débats encore plus. J’aimerais vraiment que quelqu’un vienne me sauver. N’importe qui…

Jae :

Plus j’essaie de me débattre, plus cela semble encourager mon patron qui essaie par tous les moyens de m’immobiliser sans vraiment y arriver. Il essaie aussi de s’approcher de moi encore plus, mais il n’y arrive pas. Je donne surtout des coups de pied un peu dans le vide et j’essaie de le pousser en même temps. Il me tient les mains. Du coup, j’ai de la difficulté à me débattre du haut du corps, mais mes jambes sont libres et j’en profite grandement. J’espère aussi par la même occasion que je pourrai le repousser une bonne fois pour toutes et qu’il me lâchera complètement. Je n’ai vraiment pas envie de rester une minute de plus ici et j’aimerais vraiment pouvoir m’enfuir très loin de cet endroit.

Et pourtant, la suite des événements me pétrifie complètement sur place. Je ne comprends pas tellement ce qui se passe et mon patron ne semble pas plus éclairer que moi sur le sujet. L’une des boîtes sur l’une des étagères qui nous entoure se fait projeter sur le visage du propriétaire du magasin. Il m’a enfin lâché pour regarder autour de nous qui peut bien lui avoir lancé cet objet, mais il n’y a personne d’autre dans la supérette. Je ne sais pas du tout ce qu’il pense, mais il finit par se retourner vers moi, le regard mauvais.

Et pourtant, ce même regard disparaît quelques secondes plus tard et est remplacé par quelque chose que je ne reconnais pas du tout. L’homme semble alors s’affoler complètement et je reste où je suis, figé de peur en voyant ce qui se passe devant moi. J’aurais pu en profiter pour m’enfuir, mais j’ai beaucoup trop peur. Je n’arrive pas à bouger un seul muscle et je regarde avec des yeux écarquillés mon patron qui tend les mains vers moi, mais qui semble chercher quelque chose vu comment il agite les bras dans tous les sens. « Merde... La lumière du lampadaire doit s’être brûlé... Bon... Où est-ce que tu es, garnement ? » Il s’avance alors de quelques pas, cherchant toujours à entrer en contact avec quoi que ce soit.

Je bouge alors, même si je ne comprends pas ce qu’il me dit. Il y a toujours de la lumière dans le magasin, mais il ne semble plus voir. Ce qui me perturbe d’un sens, mais me rassure aussi d’un autre. Je peux donc m’enfuir sans qu’il ne s’en rende compte. Je dois simplement rester complètement silencieux. Je retiens pratiquement ma respiration pour qu'il ne m'entende pas alors que je me dégage sur le côté et essaie d’esquiver le long de l’étagère sur laquelle j’étais prostré. Mon patron semble complètement frustrer de ne pas pouvoir me trouver et cela me réjouis grandement. J’esquive comme je peux tout ce qui se trouve par terre et essaie de me rendre jusqu’à la porte de la supérette sans faire le moindre bruit.

Mais alors que j’arrive à l’entrée, je me rends compte que j’ai complètement oublié qu’il a verrouillé la porte. Je panique un peu, mais essaie tout de même d’ouvrir le loquet silencieusement. Mais bien sûr, cela ne marche pas du tout. Du coup, dès que le bruit résonne assez fort dû au fait que j’essaie de faire tourner la serrure doucement, je panique encore plus et essaie de forcer la serrure à s’ouvrir.

Et je finis par sentir quelqu’un me prendre par la taille. « Tu crois aller où toi ? » me dit mon patron tout en me tirant vers l’arrière. Je me débats encore une fois, essayant de le faire lâcher sa poigne sur ma taille. « Non... Non... Lâchez-moi... » Je me retiens comme je peux à la poignée de la porte et il essaie de me tirer vers l’arrière. J’ai vraiment peur sur le coup. Mais lorsque je vois un homme dehors qui semble nous regarder, je m’affole un peu plus et cogne contre la fenêtre, voulant attirer son attention pour qu’il vienne m’aider.